Coup de cœur
M. Mustapha El Khalfi, porte-parole du gouvernement et ministre chargé des relations avec le parlement et la société civile, a présidé le 12, 13 et 14 juillet à Marrakech, la deuxième édition du colloque du plaidoyer civil « Tarafoê al madani» pour la marocanité du Sahara occidental, avec autant de succès que la première édition d’avril 2018.
Ce colloque fut lors de sa première édition une découverte surprise pour nous à tout point de vue.
D’abord, l’idée même du plaidoyer en tant que thématique est originale dans un pays comme le Maroc où la communication n’est pas maîtrisée et dont le pouvoir semble être ignoré de manière assez répandue.
Dans le domaine juridique, on dit souvent que la vérité émane de la bouche de celui qui sait la formuler. En d’autres termes, il n’y a de vérité que celle de la communication ; les faits ne parlent pas – toujours – d’eux-mêmes. D’où l’invention du métier d’avocat, celui de porte-parole, de représentant, et puis de commercial pour convaincre de l’achat d’un produit ou d’un service, celui de publicitaire, de défenseur de telle ou telle cause.
L’idée d’un colloque sur les techniques ou les outils d’une plaidoirie pour une cause nationale ne peut que séduire grandement le linguiste que nous sommes et la militante en tant qu’enseignante et formatrice dans le domaine de la communication, soucieuse, en particulier, de la problématique du Maroc dans ce domaine (cf. Le déficit de la communication (sur ce site)).
Il est vrai que nous sommes, tous, en tant que Marocains, férus de l’unité de notre pays et dévoués à la cause du Sahara marocain, mais nous n’avons pas développé les moyens et les outils pour l’exprimer et le faire entendre. Et même l’initiative et l’existence d’un tel colloque n’est pas, à notre sens, suffisamment médiatisée pour atteindre l’ensemble des Marocains. Ainsi, il faudrait commencer par reconnaître son originalité, son importance et lui accorder plus d’intérêt en tant qu’évènement, pour une meilleure médiatisation.
Il ne suffit pas, en effet, d’être convaincu de la légitimité de nos territoires du Sud mais il faudrait être capable de le dire et de l’argumenter. Cette responsabilité incombent à chaque Marocain, d’où l’idée, assez juste et originale de Sa Majesté, de faire de la cause du Sahara une cause nationale impliquant toutes les forces agissantes du pays y compris la société civile. Une sorte de démocratie participative qui pourrait responsabiliser les Marocains et renforcer leur citoyenneté. Cet esprit de plaidoyer, nous devrions, en effet, le cultiver et s’en approprier les outils. Et cet évènement est à la fois formateur et est une voie certaine de prise de conscience de la force de la maîtrise de la communication.
C’est dans une ambiance à la fois festive et sérieuse que se déroule cette rencontre rassemblant des participants de tout le pays, issus de différents secteurs de travail, d’obédiences politiques variées, un échantillon de la société civile où la composante sahraouie est remarquable à la fois par son nombre et par des interactions pertinentes, un esprit convivial et sympathique qui facilite l’adhésion au débat et l’intérêt à ses déroulements.
Nous voudrions, par ailleurs, exprimer ici, notre admiration également pour M. El Khalfi.
Admiration d’abord pour son style de ministre étant à la fois proche de l’assistance, à l’écoute avec intérêt, tout en préservant l’autorité qui lui incombe en tant que ministre.
Nous étions sensible également à ses communications qui étaient toujours claires, percutantes, dynamiques devant lesquelles le public est toujours conquis. Dès qu’il monte sur l’estrade, le silence retentit, l’attention se resserre, les esprits s’éveillent, à nouveau, malgré la fatigue de longues heures d’écoute, et l’on ne parle à la sortie, que de ses prestations, de son charisme et de son talent de communication. Ses capacités à convaincre, à écouter, à être pleinement impliqué dans la cause qu’il défend lui valent le respect de ses interlocuteurs sahraouis même les plus virulents en terme d’opposition aux propositions les moins étayées.
Pour cette deuxième édition, l’un des moments forts fut celui de la clôture lorsque le ministre a pris la parole pour conclure les travaux de trois jours (conférences, ateliers), remerciant tous les participants y compris ses coéquipiers qui agissent dans l’ombre, dans un vrai travail d’équipe. Une équipe d’hommes et de femmes, jeunes, dynamiques. Une coordination orchestrale parfaite incarnée en particulier par Taha Lahmidani au moment de la présentation du bilan. M. El Khalfi semble vouloir sortir le grand jeu avec la montée sur scène de ce chargé de communication (docteur en sciences politiques) pour le bilan, un profil alliant beauté, élégance physiques et intellectuelles – textuelles – que les chaines arabes les plus prisées peuvent nous envier.
Il est évident que c’est ce travail sur la communication, en plus d’une organisation irréprochable, qui donne à cet événement national un succès particulier.
En revanche, nous avons constaté que la plupart des participants (plus de 300) est arabisante ; là-dessus l’échantillon n’est pas représentatif de tous les Marocains.
Où sont nos Francophones, nos Anglophones, nos Hispanophones, nos compatriotes de culture occidentale et ceux qui vivent à l’étranger ?
Où sont nos universitaires, nos chercheurs, nos scientifiques ?
Ne sont-ils pas concernés par la cause du Sahara ? Ne seront-ils pas intéressés par le colloque de son plaidoyer ?
Nous pourrions, à notre niveau, les inviter à consulter la plate-forme, créée à ce sujet par le ministère, en attendant de les voir nombreux prendre part à ce plaidoyer.
L’intégrité territoriale est une affaire de tous.